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Israël accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité

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Le «Tribunal Russell», un tribunal de la société civile de la communauté international, s’est penché à Bruxelles sur la dernière offensive d’Israël à Gaza, «la plus rude attaque sur la bande de Gaza depuis le début de l’occupation des territoires palestiniens en 1967». Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité y ont été répertoriés.
Un constat accablant: fallait-il s’attendre à autre chose de la part du «Tribunal Russell sur la Palestine» qui s’est réuni en session extraordinaire à Bruxelles ce 24 septembre, un mois après la fin de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza?
Le Tribunal Russell existe depuis 1966, quand le philosophe britannique Bertrand Russell lança cette initiative pour exprimer la conscience de la société civile mondiale lors de la guerre du Vietnam. Dans le cas de la Palestine, il s’agissait cette semaine d’une sixième session depuis 2009. Y participaient comme «jurés» des juristes renommés comme le Sud-Africain John Dugard, l’Américain Richard Falk, le Britannique Michael Mansfield ou la Tunisienne Radhia Nasraoui, à côté d’artistes comme l’Argentin Miguel Angel Estrella et les Britanniques Ken Loach ou Roger Waters.
Leur rapport commenté ce jeudi en conférence de presse se base sur seize témoignages individuels très forts entendus la veille. Ce conflit de Gaza impose des constatations consternantes. Par exemple, les quelque 700 tonnes de bombes infligées par Israël à la population gazaouie, qui firent 2.188 tués et 11.231 blessés, en majorité civils, contrastent avec le chiffre de 50 tonnes, larguées sur le même petit territoire lors de l’offensive de 2008-2009 qui avait pourtant déjà surpris par sa violence et par l’ampleur des destructions.
Le constat de ce «tribunal» ne pouvait que conclure de manière «inévitable» que des «crimes de guerre» ont été commis, alors que, «comme occupant, Israël ne peut pas considérer qu’il agit en autodéfense et qu’en droit international un peuple qui vit sous un joug colonial ou une occupation étrangère a le droit de résister à cette occupation».
Crimes de guerre? A ranger dans cette catégorie, les jurés ont énuméré « les assassinats volontaires » («exécutions sommaires par les troupes au sol et le meurtre de civils par des tireurs d’élite»), «les destructions étendues non justifiées par des nécessités militaires, dont l’unique centrale électrique, les infrastructures d’eau de ville et d’égouttage», «les attaques intentionnelles contre des hôpitaux, dispensaires de soins et leur personnel», etc.
Visant implicitement le Hamas et d’autres groupes palestiniens comme le Djihad islamique, le tribunal a aussi estimé que «tout groupe armé qui dirige ses tirs vers des populations civiles commet potentiellement des crimes de guerre».
Mais contre Israël est également retenue l’expression juridique grave «crime contre l’humanité» étant donné «les attaques étendues et systématiques contre la population civile» de Gaza. Deux témoins israéliens ont évoqué trois pratiques militaires utilisées par Israël qui corroborent cette accusation: la «doctrine Dahiya» (du nom d’un quartier de Beyrouth entièrement rasé par Israël en 2006, elle consiste à punir toute la population par l’usage d’une force disproportionnée pour les actes de certains groupes), la «directive Hannibal» (la destruction complète d’une zone pour empêcher la capture de soldats, même si ceux-ci doivent être tués dans l’opération) et enfin la politique de la «ligne rouge» (la création arbitraire d’une zone, invisible par les tiers, où l’armée se donne le droit de tuer toute personne y pénétrant).
L’accusation de «génocide» a été étudiée, sans conclusions définitives, même si le témoignage du chercheur israélien David Sheen a montré que des incitations à la haine, voire au génocide, sont devenues courantes en toute impunité dans le langage politique en Israël, sans parler de la rhétorique belliciste, voire génocidaire, de nombreux rabbins.
Le journaliste-chercheur israélien Eran Efrati, l’un des autres témoins présents à Bruxelles, ne croit pas à «l’intention» de génocide: «Ce niveau de violence israélien, nous dit-il,  s’explique par la résistance rencontrée à Gaza dans ce conflit, une résistance farouche jamais rencontrée auparavant – 66 soldats israéliens ont perdu la vie, dont 13 en un jour – ce qui a enragé l’armée israélienne qui a alors tiré sur tout ce qui bougeait et détruit des quartiers entiers du territoire de Gaza.»
Le tribunal Russell, fidèle à sa tradition, a émis des recommandations à toutes les parties et à la communauté internationale. On épinglera la demande faite à Israël de mettre fin à l’occupation, de réparer les dommages infligés et de poursuivre les responsables de crimes; à la Palestine de signer sans délai son admission au Tribunal pénal international; à l’Union européenne de reconnaître l’Etat de Palestine, de suspendre l’accord d’association avec Israël, et d’imposer à ce pays un embargo sur les ventes et achats d’armes; et enfin à la société civile dans le monde de mettre en oeuvre les actions du mouvement boycott, désinvestissement et sanctions, connu sous les initiales BDS. Un mouvement qui prend de l’essor dans le monde et est «source d’espoir», selon l’expression de la membre égyptienne du jury, Ahdaf Soueif.

BAUDOUIN LOOS

 


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